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  • chronique d'Un homme heureux

    prochainement sur les éditions ont la parole", les meilleurs livres 2019 :

    Un homme heureux, Arto Paasilinna, traduit du finnois par Anne Colin du Terrail, éditions Denoël, 2005.

    Kuusmäki, paisible petite bourgade, voit le cours de son existence bouleversé par l’arrivée de l’ingénieur Jaatinen. Ce dernier est chargé de concevoir un nouveau pont enjambant la rivière du village, surnommée la Tuerie, depuis qu’elle fut le théâtre d’un sanglant affrontement entre les blancs et les rouges en 1918. D’entrée de jeu, la bienveillance affichée par le nouveau venu à l’égard des ouvriers du chantier est perçue comme un laisser-aller blâmable par les élus locaux. De malentendus en chamailleries, l’incompréhension s’installe et débouche sur une véritable cabale menée à l’encontre de l’ingénieur par des notables inquiets de son aura naissante. Désavoué par sa hiérarchie, Jaatinen est démis de ses fonctions, malgré le soutien de ses employés. Il n’aura de cesse de faire payer les responsables de son avenir brisé.

    En apparence, le parcours de Jaatinen est exemplaire : il a triomphé de l’adversité et rendu leur fierté à des habitants libérés de la tyrannie des élites. Il a su se montrer (in extremis) magnanime avec ses ennemis et appliquer une politique plus juste. Il est le héros de l’histoire. Pourtant, çà et là, quelques fausses notes perturbent l’harmonie ambiante : tel représentant de la banque venu surveiller l’avancement des affaires de Jaatinen relève le comportement « servile » des employés à son égard. L’ingénieur est parfois titillé par des sentiments « désagréables »...

    Et si le village avait basculé dans une nouvelle aliénation en tombant sous la coupe de Jaatinen ? Ce dernier devrait être un homme heureux, un de ces citoyens bien tranquilles et bien sous tous rapports. Mais tandis que se profile le pouvoir, on sent croître son insatisfaction : aucune réussite ne parvient à le combler réellement et le voilà tendu vers de nouvelles ambitions. Le rapport de force s’est inversé mais l’inquiétante utopie de l’ingénieur Jaatinen laisse planer une ombre sur les eaux de la Tuerie.

     Un peu d'ésotérisme et de sociologie dans ce polar.