Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Présentation du livre Hotel de Dream , Edmund WHITE

    Le roman lui-même se lit vite, car White est un merveilleux conteur. En parfait technicien du récit dans le récit, il ménage continuellement un double intérêt du lecteur pour l’évolution du double mélodrame : d’un côté le jeune écrivain célèbre en train de mourir de la tuberculose au terme d’un périlleux voyage en Allemagne ; de l’autre le drame d’un “garçon maquillé” draguant le bourgeois dans les rues de New York et dont le destin s’accomplira dans une espèce de version négative du portrait de Dorian Gray.

    C’est bien construit, Mais on ne ressent pas beaucoup d’émotion, les deux récits entrelacés sont par trop documentés et documentaires, artificiels. L’un est prétexte à une peinture des bas fonds du New York de la fin de l’avant dernier siècle et de la préhistoire de la communauté gay ; l’autre une tentative de biographie imaginaire, ou au moins de portrait romantique de l’écrivain Stephen Crane, mort de la tuberculose à vingt-huit ans et qui eut son heure de gloire dans la génération des Wells, des Conrad et des James, figurant tous dans le roman, campés sous des jours plus pittoresques que dans leurs historiographies officielles.

    Hélas, la traduction d’André Zavriew est problématique : elle hésite sans cesse entre le scrupule d’un rigoureux mot à mot et la recherche d’une symétrie stylistique hors d’atteinte. Dans les deux cas, c’est pénible pour le lecteur et la juxtaposition de ces deux options aggrave encore les choses.

    Le titre, déjà, Hotel de Dream est une catastrophe : non traduit en fait, comme le prouve l’absence de circonflexe sur “hotel” et la majuscule de “Dream”, il donne, en français, une impression de barbarisme incompréhensible : c’est le nom, justement francisé, du bordel où officiait Cora, la compagne de Crane avant de le rencontrer. On ne comprend pas très bien d’ailleurs pourquoi c’est le nom de cet établissement dont on parle à peine qui donne son titre au roman…

    Mais Blabla aime ergoter alors qu’il n’a aucune envie, aucune, vraiment, de dire du mal de l’auteur de la Symphonie des adieux, de L’homme marié ou de La tendresse sur la peau Il a seulement la nostalgie d’une promesse de bonheur de lecture qui ne s’est pas accomplie à cent pour cent…

    Edmund WHITE, Hotel de Dream (traduit de l’américain par André Zavriew) PLON, 2007.