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avis sur Maharadjah de Joann Sfar

 

Maharadjah de Joann Sfar.JPGComment fait Sfar pour nous tenir en haleine à ce point en racontant l’adoption de son nouveau chien ? C’est le mystère qui perdure après la lecture de ce ‘Maharadjah’, nouveau tome de ses carnets, entre carnet de croquis et journal intime.

Evidemment, Joann Sfar ne raconte pas seulement l’adoption de son chien. Sur un ton très personnel, intimiste, il couche sur papier tout et rien, du personnel comme du professionnel, ses enfants qui grandissent ou ses réflexions (passionnantes) sur son travail, le récit du festival d’Angoulême, de l’exposition Pascin à Maillol, le choc de la mort de Didier Lefèvre, le “photographe” de la série éponyme, ou son voyage en Inde. Mais quel que soit le sujet, le créateur de ‘Petit Vampire’ parvient toujours à le rendre pertinent, digne d’intérêt, et ce carnet se dévore avec un plaisir sans fin. Touchant, énervé (en Inde), révolté (lorsqu’on l’éjecte du plateau de Ce soir ou jamais sans raison valable en laissant le champ libre à Tariq Ramadan), Sfar retranscrit ses humeurs, ses doutes, ses réflexions avec beaucoup d’humilité et une grande intelligence. Sans oublier l’humour, omniprésent.

 

Maharadjah : une réflexion sur le colonialisme

Au-delà de l'histoire captivante et des personnages mémorables, "Maharadjah" de Joann Sfar offre également une réflexion pertinente sur le colonialisme. En explorant les relations entre les colons et les autochtones, Sfar soulève des questions importantes sur le pouvoir, l'inégalité et les conséquences du colonialisme. C'est un élément qui pousse les lecteurs à réfléchir et à remettre en question les structures de pouvoir historiques. L'une des forces du livre est la capacité de Sfar à transporter les lecteurs dans les décors exotiques de l'Inde coloniale. Un peu comme les récits anthropologiques d'un Marcel Griaule ( Envahir l’Ethiopie – L’ethnologue en guerre (1935-1936),) . Les descriptions détaillées des marchés animés, des palais grandioses et des temples majestueux sont si vivantes qu'on a l'impression d'y être. En lisant le livre, les lecteurs auront l'occasion de découvrir la riche culture indienne, de ses coutumes colorées à ses traditions millénaires.

A la qualité du propos se greffe ses dessins magnifiques, rendus plus beaux encore par les douces couleurs qui l’accompagnent, faisant osciller le récit entre réalisme et onirisme : il y a Sfar l’humain, et Sfar le chien, il y a le bruit du train des maharadjahs et les monstres rouges de plusieurs mètres de haut qui grognent dans la nuit indienne. L’auteur du ‘Chat du rabbin’ excelle dans ce genre d’exercice, et donne à ses histoires une dimension onirique ou fictionnelle ensorcelantes, si bien que l’on se force à fermer l’album pour en garder un peu plus longtemps. Un régal, peut-être le meilleur volume des carnets de Sfar.

 

Maharadjah de Joann Sfar

Editeur : Delcourt
Publication :26/9/2007

 

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