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Livre : Besoin de ville , Jean Noël Blanc

Jean-Noël Blanc est enseignant à l'Ecole d'Architecture de Saint-Etienne. Or ce qui frappe dès les premières pages, c'est que l'auteur semble s'être volontairement dépouillé de sa casquette de spécialiste pour arpenter les villes en poète sensible à leur atmosphère spécifique, leurs ombres et leurs lumières  : "Les flâneurs et les poètes en savent sur les villes plus que les savants". C'est-là le bon usage de la ville et de la librairie . L'auteur nous entraîne à sa suite de Manhattan à Londres, de Berlin-Est à San Francisco, de Vienne à Palerme ou de Glasgow à Montréal, sans oublier la France, Paris bien sûr, mais aussi Caen ou Saint-Malo, et les deux villes les plus proches de lui et qui tiennent à ses fibres intimes : Saint-Etienne et Lyon. Au fil des pages sont convoqués de très nombreux écrivains, Dickens ou Joyce, Balzac ou Simenon, Mac Orlan, Fargue ou Léo Malet, etc. Néanmoins Jean-Noël Blanc ne saurait faire table rase de ses acquis de spécialiste. Ces derniers resurgissent progressivement et, au fur et à mesure, le ton se fait polémique,  Alors, un certain urbanisme moderne en prend pour son grade. On quitte la poétique au profit d'un discours qui tourne souvent au pamphlet. L'auteur avoue qu'il "enrage, bout, fulmine", et se lance dans une "diatribe".

 La diatribe est le plus souvent bien venue, mais il arrive - c'est normal!- qu'elle prête à discussion. Ainsi, en passant, Blanc concède que Le Corbusier est "un poète du béton", mais ce n'est qu'un tremplin pour mieux s'en prendre au théoricien.

Pour ce qui est de Lyon, l'impression de l'auteur est certainement sincère, mais elle me semble trop tributaire de l'image traditionnelle de la ville bourgeoise, secrète et renfermée. Blanc est mieux placé que personne pour l'analyse des mutations qui ont affecté Saint-Etienne. L'image un peu jaunie qui nous est donnée de Saint-Etienne, la populaire laborieuse, et de Lyon, la bourgeoise coincée, risque de figer ces villes dans une "essence" permanente et immuable. Or Blanc n'ignore nullement qu'une ville, c'est aussi une évolution, un avenir, un "projet", mais en l'occurrence il a pris le parti de laisser libre cours à l'affectif et au "vécu" personnel.

Pour le "liseur", comme disait Bernard Grasset, c'est sans doute un intérêt supplémentaire, grâce à la variété du ton et la diversité des points de vue. Quand un livre se lit avec agrément et passion tout en soulevant des réactions, c'est bon signe!

Jean – Noël Blanc, Besoin de ville  Seuil, 248 p., 17 €

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